dimanche 14 décembre 2008

Le concile de Bénie-Ile - 2

" Il ne s'agit en rien d'insinuations, Excellence, mais de réalités. Il m'est interdit par les règles de l'ordre de déplacer d'une île à une autre plus d'une compagnie sans l'accord de l'intégralité du grand conseil templier. Grand conseil dont vous êtes membre, Excellence.
- Je n'allais pas sacrifier à la légère nos preux, Loran. Vous me semblez bien impulsif pour un haut dignitaire !
- Ma colère est légitime, Excellence. Il est écrit dans nos règles 'Pour les bonnes âmes tu donneras ta vie' !
- Il ne s'agit que d'elfes, Loran. Ces ... êtres qui ne croient en rien, incapables de veiller à leurs frontières, paresseux et hédonistes. Ils n'ont pas d'âme. Ils ne savent pas se battre. Ils ne méritent pas le sacrifice d'un seul de nos vaillants templiers " Intervint le cardinal Perek
" Leurs talents sont nombreux. Leurs artisans sont habiles et leurs artistes incomparables. Ils ne savaient plus se battre, certes, mais ils réapprennent vite. Les derniers sangrelins qui ont attaqué Roc-Fer en ont fait l'amère expérience. Je suis sur que dans quelques années, ils seront à la pointe de la reconquête de Sombrerive. J'aimerais en dire autant de vos amis verougues, Perek. Ils n'ont versé, malgré leurs immenses fortunes, que quelques fifrelins pour la reconquête de Sombrerive. Et lors de la dernière campagne de recrutement, combien avons-nous recruté de gens de Verrou, Monsieur Perek ?
- Je... Je l'ignore.
- Cinq : Dont deux opposants politiques dont les familles ont été massacrées, un batard abruti, résultat de l'union consanguine d'un sénateur et de sa fille ,qui récurera les écuries jusqu'à la fin de sa vie car il est bien trop stupide pour faire quoi que ce soit d'autre et deux espions promptement démasqués et que je suis dépêché d'envoyer sur Borêne où j'espère bien les voir passer rapidement au fil de l'épée d'un seigneur de guerre ou d'un de leurs compatriotes.
- Et combien de vos amis libreterrans, Sire ? " Demanda fielleusement Perek
" Aucun. Et je préfère les voir devenir de bons édrulains que de mauvais templiers. Par contre, les échanges sont fructueux avec Libreterre. Ils nous enseignent de nouvelles techniques de combat, rien n'échappe à leurs services de renseignement et nos blessés les plus graves ont été promptement remis sur pied après être passés entre les mains de leurs magiciens guérisseurs.
- Nous ne sommes pas là pour parler des verougues, Messieurs. Je vous rappelle que ces gens que vous appelez vos amis montent désormais des ... dragons ! "

Si un impudent avait laisser tomber culotte et posé un étron devant notre grand cardinal, ce dernier n'eut pas affiché une moue plus horrifiée.

" Des dragons, Loran, des dragons ! Ces créatures abominables tout droit sorties des neuf enfers. Que devons-nous faire ?
- Je vous écoute, Excellence
- Vous êtes le bras armé de l'Unique, Loran.
- Ces dragons s'en sont-ils pris à des innocents ? Ont-ils attaqué des villages ? des navires marchands ? Non. Je me bats contre des menaces directes, comme les sangrelins de Sombrerive. Quelque soit votre animosité envers ces créatures, je ne risquerais mes templiers que lorsqu'ils seront un danger
- Ils le seront, un jour ou l'autre
- Ce jour là, mes templiers seront là.
- Comment osez-vous me désobéir, Loran ? "

Les yeux du grand cardinal étaient écarquillés par la colère, ses lèvres serrées tremblaient.

" Je ne suis pas votre obligé, ni votre vassal, ni votre subordonné, Excellence. Et quand bien même le serais-je, je serais bien curieux de savoir comment il me serait possible de m'en prendre aux édrulains. Vous me voyez demander à mes preux de s'attaquer à ceux qui hier étaient à leurs cotés face aux sangrelins, face aux ksups de Verlande, face aux pirates du grand nord ?
- Vos paroles sont celles d'un traitre !
- Les vôtres tournent à l'insulte, Excellence. J'attends d'un grand cardinal un peu plus de mesure "

Le grand cardinal se leva brusquement, renversant le lourd siège où il s'était assis. Le droit brandi vers mon seigneur et maitre, il fulmina

" Loran, je vous ferais fouetter !
- Comme vous faites fouetter les pages à votre service au moindre faux pli dans vos robes ou pour un thé servi un peu trop chaud ou trop froid, Excellence ? En y prenant souvent part vous-même et en retirant le plus vif plaisir ? "

Parrot bafouilla quelques mots incompréhensibles. Son visage devint rouge, puis violet. S'appuyant à la table, il mit une main contre son coeur, aspira de l'air et s'effondra comme une masse.

Perek se leva et se précipita vers lui.

"Il ne respire plus. Loran, par l'Unique, imposez-lui les mains. Notre grand cardinal est en train de mourir !
- Je ne vois là qu'une manifestation de notre divin seigneur qui a puni Parrot de sa cruauté. Pour vous, Perek, je me contenterai de vous voir repartir pour Verrou par le premier bateau pour ne jamais revenir. Après, bien sur, que vous m'ayez signé ces lettres de créance pour permettre à notre trésorier de retirer les quelques milliers de pièces d'or qui dorment dans un coffre de la banque des Frères Kazaroof à Beauxmat. Un coffre ouvert au nom de votre frère, un pauvre épicier de Lanareta, soit dit en passant. Car si nous, pauvres pêcheurs de templiers, sommes astreints à la pauvreté et à l'abstinence, j'en attends autant, sinon plus, d'un cardinal. Cet or pourrait bien me payer quelques affrètements entre Verlande et Sombrerive. Quand à vous, Jossum... "

(to be continued)