jeudi 10 février 2011

Face aux démons, extrait n°2


Ne me demandez ce que fait Fronin sur cette galère, le tout au beau milieu d'une bataille navale entre la flotte verougue et une multitude de bateaux sangrelins.
Pour ceux qui n'ont pas lu la Ballade, Kernak est cet officier verougue qui lui a sauvé la vie, lui a servi de père entre ses neuf et dix-sept ans et qui a réussi à signer un traité de paix entre Verougues et Edrulains sur la partie de Verlande dont il était gouverneur.
En bref, un type bien.

Bon, voilà l'extrait (c'est toujours du premier jet, donc perfectible) :   

Les marins obéirent rapidement et notre galère reprit sa place dans l’escadre. Les bâtiments adverses, dont la vitesse était inférieure à la nôtre, essayaient désormais de se glisser entre nous et la côte. Leur tirant d’eau, plus faible que le nôtre, nous empêchait de les poursuivre.
Nous nous rapprochions du brouillard qui se révéla dense. Le capitaine dit à Kernak d’une voix inquiète.
— Je n’aime guère cette diablerie, Général ! Je suspecte là quelque sorcellerie de ces maudits sangrelins.
J’étais alors agenouillé près d’un guerrier touché à la poitrine, tout près des deux officiers. je dressai l’oreille. Mon regard croisa celui du général et je perçus son hésitation et la demande muette qu’il m’adressait. J’acquiesçai avec un petit sourire et je vis se détendre quelque peu.
— Il en reste un grand nombre là-dedans, capitaine. Il est hors de question de nous arrêter maintenant. Ralentissez la cadence pour permettre aux hommes de souffler un peu.
— Général ! C’est un piège ! Vous avez vu comme moi le dragon sortir de cette purée de pois !
— Ce dragon nous a bien aidés, il me semble. On rentre là-dedans. C’est un ordre, Capitaine. Pas question de laisser les sangrelins filer.
Les deux hommes s’affrontèrent du regard.
— Capitaine… Insista Kernak, les dents serrées.
— A vos ordres, mon général.
Il se retourna et se dirigea rapidement vers l’homme qui tenait le gouvernail, à l’arrière du navire. Ayant soigné la blessure en profondeur tout en laissant la plaie superficielle, j’ordonnai à deux soldats d’emmener le blessé au barbier. Kernak s’approcha de moi.
— J’espère ne pas faire de bêtise, mon garçon.
— Je serais très surpris que ce soient les sangrelins qui aient conjuré cette brume, Kernak. Je vois là un excellent moyen de protéger nos amis les dragons.
— Tes amis les dragons. Tu as de bien mauvaises fréquentations depuis quelques années, Fronin…
Dragons et Verougues s’affrontaient depuis des siècles et ces derniers les haïssaient plus que tout.
— Ils gagnent pourtant à être connus, Général, murmurai-je.
— Général, il y a quelque chose qui brûle sur l’eau devant nous, lâcha un soldat.
Nous dépassâmes le navire sangrelin en flammes. La mer était jonchée de débris fumants et de cadavres ennemis. Quelques survivants qui surnageaient furent promptement achevés par les arbalétriers.
— C’est un crime inutile, lâchai-je à voix basse.
— Ce sont autant de sangrelins de moins. La côte est proche, ils pourraient la rejoindre. Ta sensiblerie finira pas te jouer des tours, jeune homme, me rétorqua Kernak.

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