dimanche 18 février 2018

Retour sur Havredoux

En tant que conteur à Friponnes RPG, Havredoux est mon terrain de jeux favori.

Une immense cité, cosmopolite, tolérante, où le polyamour est presque la norme, mais qui est aussi pleine d’affreux et de magouilleurs, de quoi bien occuper vos Friponnes.

Je vois les quartiers populaires 'Havredoux comme la Kasbah des Oudayas à Rabat - en beaucoup plus étendus!

Brève description

Havredoux est bâtie à flanc de plusieurs grandes collines qui descendent doucement vers le port et la mer.

Plus on monte, plus les demeures sont spacieuses, avec souvent de grands jardins quand il ne s’agit pas de parcs. Et plus il y a d’opulence, ça va de soi.

Plus on descend, plus les rues sont tortueuses, étroites (à tel point qu’on peut toucher les maisons de chaque côté en écartant les bras) et sombres.

(Les fils éléctriques en moins, bien sûr...)
 Les parcs publics, jardins communautaires, places herbagées sont nombreux et permettent à la ville de respirer.

Les maisons, souvent sur deux ou trois étages, sont en terre pour les plus modestes, en pierres pour les plus riches. Dans la majorité des cas, elles sont recouvertes d’un enduit blanc ou de couleur vive, d’où la ville tire son surnom de ville blanche.

La cité est très étendue et ces distances ainsi que la présence de nombreuses côtes font prospérer porteuses de bagages, conductrices de fiacres et messagères de tout poil.

Le port est le lieu de la ville le plus agité. Chaque jour, plusieurs milliers d’embarcations, de la modeste barque de pêche à la quadrirème verougue y entrent et sortent. La nuit, l’accès au port est rendu impossible par une énorme chaîne tendue au travers de l’accès à la mer. On y trouve de vastes entrepôts, des bouges à marins, plusieurs chantiers navals, des quais interminables, des lieux où tout s’achète et tout se vend, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le port ne dort jamais !

Le climat d’Havredoux est très doux, voire chaud au vu de la latitude de la ville. Il faut y voir là l’influence d’un courant chaud et de nombreux mages (sans compter celle du Protecteur, le puissant dragon-mage qui veille sur la ville depuis le fond de l’océan) sachant modifier le temps. Dès qu’on s’éloigne de la ville, il fait plus froid, l’air est plus vif et les pluies plus nombreuses.

Ce sont elles qui commandent

Mettez-vous ça dans le crâne une bonne fois pour toutes, ce sont les femmes les patronnes à Havredoux.

Vous pouvez faire jouer cela à la limite de la caricature, avec des types effacés, des hommes battus, le droit de vote interdit aux hommes (et donc des suffragets), une société où l’initiative de la séduction revient aux femmes (et tous les scandales qui vont avec), des masculinistes, de la polyandrie, des familles où l’homme se marie avec la femme désignée par sa mère, où il n’a droit de travailler qu’avec l’autorisation de son épouse, le genre neutre est le féminin, bref inverser tout ce qui sous-tend nos sociétés patriarcales.

Pas sûr que cela soit si amusant que ça à jouer sur le long terme, mais ça se tente. Une fois de plus, ce sont VOS Folandes, je ne fais qu’exposer ma vision de la chose.

On peut reprendre tout ce qui précède, en étant plus subtiles et en y ajoutant cette petite dose d’utopie doudou (pour reprendre les termes de mon amie Jeanne Corvellec) qui semble faire tant plaisir aux fans de mon jeu et de mon univers. Havredoux est une ville en paix depuis sept siècles, prospère et ouverte, et y vivre y est fort agréable, même s’il y a toutes ces empêcheuses d’être heureuses et tranquilles, qui justifient que vos Friponnes aillent prendre des risques et des baffes.

Cosmopolitisme et Tolérance sont les mamelles d’Havredoux...

Havredoux est en paix avec tout le monde (sauf avec les Sangrelins de Sombrerive, comme tout le monde dans les Folandes). L’hospitalité et la tolérance de ses habitantes font qu’elle constitue un lieu d’accueil pour tous celles et ceux qui fuient la guerre et l’oppression (à Verlande, Malinche, Borêne…), les sociétés machistes et violentes (Les Milîles et Borêne), les religions oppressantes (Les Milîles et Borêne, encore).

Bien sûr, on trouvera à Havredoux les habituelles crétines racistes ou tout simplement frileuses, les tenantes du « c’était mieux avant », du « mettez-moi ces sales étrangères dehors » mais leur voix reste minoritaire et très critiquée.

La loi, c’est la loi

Havredoux est une cité ci-vi-li-sée où on ne rigole pas du tout avec la loi. Les Nonnes-Guerrières (qui ne sont pour moi en rien affiliées à une quelconque religion, contrairement à ce que le livre de base laisse entendre) ne sont pas des comiques et font leur boulot sérieusement. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux essayer de négocier avec une dogue qui a une rage de dents qu’avec une Nonne-Guerrière ?

La loi s’applique à tous. Les Nonnes-Guerrières ne sont que très rarement corrompues, elles respectent les principes de présomption d’innocence et n’usent de brutalité qu’en dernier recours. Dans ce cas, elles se lâchent vraiment…

Qui dit loi dit avocates. Elles pullulent à Havredoux et vous protègent d’autant mieux que vous avez les moyens de les payer. Mais on trouvera aussi la (plus ou moins) jeune avocate qui vous défendra pour le seul plaisir, par idéalisme, par goût de la Justice, par amour ou pour d’autres raisons moins avouables. On reste dans une utopie…

Entre autres choses, le port d’armes est très fortement réglementé. On ne se balade pas dans la rue avec une rapière à la ceinture sans se faire demander son permis de port d’armes. Et, naturellement, le trafic de faux permis plus ou moins bien imités est florissant.

Et comment obtient-on ce permis? Je ne sais pas vraiment, mais je suis sûr d’une chose : c’est long et compliqué. Préparez-vous à de longues queues et à ré-expliquer votre cas plusieurs fois à des fonctionnaires zélées et parfois un peu bornées. Votre patience sera mise à rude épreuve !

On ne se bagarre pas à tout bout de champ. Si vous frappez quelqu’un, ça se finit presque toujours au poste et vous avez intérêt à connaître les principes d’application de la légitime défense. On ne réagit pas à une insulte par une baffe et encore moins en sortant une lame. Si vos joueuses ont trop joué à des jeux où la violence est le mode classique de règlement des différends, voici une occasion en or de les rééduquer !

Havredoux est également une ville où les corporations sont puissantes. On n’installe pas le moindre commerce ou autre activité ayant pignon sur rue sans l’agrément de la corporation dont on dépend qui s’assure que vous avez toutes les compétences requises pour être une femme de l’art et que vos activités ne vont pas embêter vos voisines. Et la concurrence est une façon d’embêter ses voisines.

Tant que vous y êtes, il ne faut pas vous gêner pour inventer les règlements les plus farfelus. Le nombre de plumes à votre chapeau doit toujours être en nombre impair. Il est interdit de porter du rouge le mardi ou de mettre du lait dans son thé entre minuit et 6 heures du matin. Faites sentir à vos friponnes qu’elles sont en terre étrangère et que l’adaptation n’est pas chose facile !

Une justice non expéditive

La peine de mort est abolie à Havredoux depuis longtemps et la galère (la pire peine qui soit, sachant que le sort d’une galérienne à Havredoux est presque enviable en comparaison de celui de son homologue à Borêne ou Verrou) est réservée aux pires criminelles, pour lesquelles aucune autre solution n’est envisageable. Pour les non-Havredouciennes (sachant que la citoyenneté est acquise au bout de quelques années de vie tranquille), l’exil est la norme (et les fichiers sont bien tenus).

Pour les autres, on privilégiera toujours une peine de réparation : travaux que personne d’autre ne veut faire (les éboueuses à Havredoux sont des personnes condamnées à cela), amendes (quand la personne ayant commis le délit est solvable). En campagne, il peut-être amusant que l’affreuse qui a essayé de vous faire avoir les pires ennuis devienne votre jardinier pendant quelques mois.

Une part non négligeable du travail des Nonnes-Guerrières est de s’assurer de la bonne exécution des peines.

La ville des affaires

Havredoux est avant tout une ville de commerçantes, où tout (ou presque) s’achète et se vend. Avec son lot d’aigrefines, d’affairistes, de malines, de négociantes. Une des principales sources de revenus de la ville est constituée par les taxes sur les produits importés et, donc, forcément, il y a des trucs qui circulent sous les manteaux et les jupes et les contrebandières sont prospères… quand elles ne se font pas attraper.

Les accords commerciaux sont un élément important de la politique étrangère de la Ville-Etat et, en particulier, elle est le lieu d’une âpre lutte (pas toujours diplomatique) entre les Verougues qui cherchent à écouler leurs produits et… à peu près tout le reste du monde.

Une fois de plus (j’insiste), on est dans une utopie. L’Havredoucienne, à quelques exceptions près (sinon, ce ne serait pas drôle), n’a pas pour but principal dans la vie d’arriver en étant la plus riche au cimetière. La prospérité est y recherchée mais les Havredouciennes ont une conscience et une culture politiques élevées et quiconque ne se comportera pas avec un minimum d’éthique risque de voir les clients, fournisseurs et autres partenaires commerciaux la fuir comme la peste.




Un mode de gouvernement original

Comme indiqué dans le billet cité plus haut (août 2008, ça ne nous rajeunit pas) , c’est une république matriarcale avec à sa tête un conseil des représentants des huit principales corporations de la ville : pêcheurs, artisans, marchandes, banquières et changeuses de monnaies, boutiquières, prostituées (appelées ici soulageuses), les femmes de soin — herboristes, guérisseuses, matrones et médecins — et magiciennes (le féminin est ici présent à raison; les corporations des pêcheurs et artisans ont toujours un homme à leur tête, les autres sont évidemment toujours dirigées par une femme). Chaque corporation dirige le conseil pendant un trimestre à tour de rôle. Les décisions sont prises par consensus, généralement autour d’une tasse de thé. D’ailleurs, la population n’hésite jamais à descendre dans la rue exprimer son mécontentement devant toute décision qui lui déplaît.

Autrement dit, pas grand-chose ne change… On ne change pas les lois en un trimestre et si une maîtresse de corporation fait passer une loi un peu audacieuse, il est probable qu’elle soit annulée quelques mois plus tard.

Une chose est néanmoins sûre, à Havredoux, c’est la rue qui gouverne.

Et comment faire pour qu’on ne s’y ennuie pas ?

Mais alors, me direz-vous, comment procéder pour faire d’Havredoux le terrain de jeux favori de vos Friponnes ?

Le miel attire les mouches

Forcément, tant d’opulence, dans une cité régie par des femmes (j’entends déjà les rires gras des Borênans) va attirer toutes les affreuses attirées par la facilité et les faibles risques qu’elles croient courir. Et qui vont-elles trouver en travers de leur chemin??

Nos amies les Verougues

Et ben oui, elles sont encore là?!

Commençons par rappeler que les Mina-Rokanes, les Libreterrannes, les Marchandes du Grand Nord se feront hacher menu plutôt que de vendre quoi que ce soit à une Verougue, quel que soit son prix, mais que rien ne l’empêchera de le faire à une Havredoucienne qui n’a pas les mêmes préjugés.

Et comme tout ça est fortement taxé, il y a des petites malines qui essaient de passer entre les mailles des douanières et qui vont filer de la mauvaise came aux Verougues. Parce qu’escroquer une Verougue, ce n’est quand même pas un crime !

L’herbe-qui-fait-rire

En parlant de came, et malgré son nom qui prête à sourire, cette drogue est une saloperie hyperaddictive qu’on absorbe souvent à l’insu de son plein gré, mettant ainsi le doigt dans un engrenage infernal.

Et comme celles qui la vendent sont très loin d’être des filles de cœur, même les Nonnes-Guerrières sont désarmées...

Le trafic en est bien sûr condamné mais aussi son usage. Et, naturellement, une des amies des friponnes (ou une des friponnes) va fumer un soir un p’tit pétard avec cette fille si sympa et mettre le doigt dans l’horrible engrenage. Et qui va devoir l’en sortir ?

À noter que Lauranna est une des très rares guérisseuses de la ville qui sache guérir l’addiction à cette horreur. L’occasion de croiser une Edrulaine qui va forcément repérer les talents de nos Friponnes et leur proposer du travail !

On ne badine pas avec la loi

En écho avec ce qui précède, forcément, une de vos friponnes ou, plus souvent, une de leurs amies, va être en froid avec les autorités. Et quand elle sera confrontée à un chantage sordide, vers qui cette (forcément charmante) personne va-t-elle se tourner ?

À titre d’exemple de situation de départ d’un scénario, une jeune et jolie jeune femme qui exerce la profession de soulageuse à ses moments perdus sans être affiliée à la guilde/corporation (ce qui est rigoureusement interdit) est harcelée par une vile individue qui la fait chanter ou lui demande ce qu’elle n’a pas à lui demander...

Encore des Verougues

Puisque Havredoux est un des rares endroits où elles peuvent débarquer et faire du tourisme et des affaires tranquillement, la ville grouille de Verougues opportunistes, prétentieuses, hautaines, cupides, désagréables (des Verougues quoi !). Et vos friponnes vont les laisser tranquilles ? Vraiment ?

Dame Sornelle

Dame Sornelle (page 313 du livre de base) est la plus riche usurière d’Havredoux. Propriétaire de nombreux logements et commerces qu’elle louerait à prix d’or si elle le pouvait, elle est le dernier recours de celles qui ont fait de mauvaises affaires et qui ont désespérément besoin d’un peu d’argent frais.

Haïe de toutes (mais elle le leur rend bien), elle œuvre à la limite de la légalité en apparence (et, en réalité, franchement en dehors), n’hésitant jamais à user de coercition voir de violence via un écheveau d’intermédiaires qu’il sera ardu de remonter.

Dès qu’il y a des activités lucratives à financer, quelque soit la nature des dites activités, surtout quand elles sont illégales, il y a un sbire de Dame Sornelle pas loin. C’est la némésis parfaite, la vilaine araignée qui tire les ficelles, corrompt les âmes et affaiblit les cœurs. Sauf celles des Friponnes, ça va de soi.

Les réfugiées

Quelle que soit l’époque où on joue, il y a toujours, hélas, une sale guerre en cours quelque part dans les Folandes.


Et, forcément, quand il y a des guerres, il y a des réfugiées (lesquelles sont accueillies avec humanité et chaleur dans la ville blanche, il n’est pas interdit de rêver) et il y a des vilaines qui essaient de profiter de la situation.

Nos amies les Edrulaines

L’ambassade de la Confrérie des Edrulains, dirigée par la merveilleuse Lauranna, est un endroit idéal pour permettre aux personnages de vos joueuses de croiser les grandes gentilles de ce monde. Selon votre humeur du moment, cela peut être très facile (c’est quand même plus sympa de se faire inviter par Lauranna dans le meilleur salon de thé de la ville que de se faire payer une mauvaise bière par une vieille dans une auberge rance) ou très difficile, car nos amies, traquées par les barbouzes des Services Spéciaux Verougues et autres affreuses à qui elles ont joué des mauvais tours par le passé, ne se baladent pas au grand jour et la localisation exacte de l’ambassade est connue seulement de quelques personnes. Et les déménagements sont fréquents !

Contrebandières et coups fourrés

Comme dit précédemment, Havredoux est une ville marchande (une espèce de Venise en plus… ouverte et accueillante) qui se finance avec des taxes sur les marchandises. Et qui dit taxes dit forcément marché noir et contrebande pour optimiser ses revenus. C’est donc une activité juteuse qui doit être judicieusement organisée pour garantir une certaine pérennité et un revenu régulier. On peut donc facilement considérer que quelques marchandes influentes financent le plus discrètement possible cette activité à coup de pots-de-vin et de dessous de table bien répartis. Cela permet donc de faire arriver des marchandises interdites en ville ou de revendre des biens précieux avec des prix très intéressants par rapport aux prix du marché.

Mais la contrebande a ses règles : on triche avec les autorités portuaires et administratives de la ville, mais on ne verse jamais dans le meurtre ou la violence aveugle. C’est très mauvais pour les affaires. Alors que dire de ces nouvelles venues, des naufrageuses (qui allument des feux sur la côte pour leurrer les bateaux marchands qui viennent s’écraser sur les récifs et qui n’ont plus qu’à ramasser les biens éparpillés sur la plage) sans foi ni loi qui mettent les Nonnes-Guerrières d’Havredoux sur le branle-bas de combat, Les marchandes qui dirigent la contrebande en sous-main peuvent contacter les Edrulaines (il y a quand même pas mal de mortes) pour pallier au manque de résultat des Nonnes-Guerrières et débusquer ces naufrageuses qui mettent à mal tout le commerce. De là à trouver que des Verougues manipulent les naufrageuses pour déstabiliser l’économie locale et tirer les marrons du feu, il n’y a qu’un pas…


Je profite ce billet pour créer un tag "Havredoux" pour toutes celles que ça intéresse.

Merci à Vincent, à Théo et à tous les autres pour leurs contributions à ce texte. 

Merci à  Gherhartd Sildoenfein pour sa relecture attentive.

Images glanées sur le net, tous les droits sont bien sûr ceux de leurs auteurs

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